Par Malek Ouakaoui__مالك وقاوي

في هذا المقال يطرح الباحث التونسي مسألة الشهرة العابرة أو المؤقتة (ربع ساعة من المجد للجميع، حسب العبارة الشهيرة لأندي وارول) على صعيد الانتاج السنمائي. تطرح المسألة بإلحاح خاصة بعد الانفجار الاعلامي الضخم الذي سببته الوسائط التقنية الجديدة ودمقرطة التصوير السنمائي عبر تلك الوسائط، بوجه محا الحدود الفاصلة بين الأستوديو والواقع. يذكرنا ذلك بثورة الرسامين الانطباعيين الذين كسروا جدران الورشات الكلاسيكية للفن الرسمي النخبوي وجعلوا من الرسم ملاحقة حينية متواصلة للحظات المنعشة التي يتيحها الزمن الخارجي الحقيقي. ولكن مالك وقاوي يستعرض أيضا تاريخ هذه العلاقة الاشكالية بين الاستوديو والواقع من خلال أمثلة من السنما الفرنسية المعاصرة التي سبقت ذلك التحول الذي حدث مع الثورة الرقمية.

“Des cinéastes comme Raymond Depardon avaient déjà depuis longtemps accordé à des inconnus la place de vedettes”.

كان سنمائيون مثل “ريمون دوباردون” قد بدأوا منذ فترة طويلة بتخصيص مكانة النجوم لشخصيات مجهولة

Malek Ouakaoui__ملك وقاوي

Andy Warhol avait dit à la fin des années soixante qu’à l’avenir « chacun aura son quart d’heure de célébrité », et on ne s’étonne plus aujourd’hui de voir déferler sur les réseaux sociaux autant de photos et de vidéos d’individus méconnus du grand public qui pourtant y apparaissent sublimés au même titre que les stars du cinéma. La formule d’Andy Warhol apparait dès lors comme une prémonition qui a été rendue possible par la technologie des

Andy Warhol_أندي وارول

smartphones, des applications permettant les retouches, et il faut bien l’admettre aussi de la qualité de prise de vue ou de scénarisation du réel faites par les internautes. Autrefois, le Shooting photographique et la mise en scène du quotidien par le biais de la caméra étaient l’apanage des professionnels du métier mais la démocratisation des moyens de communication font que des profils extérieurs au monde du spectacle et inconnus des médias traditionnels deviennent sujet d’intérêt au même titre que les stars du Show business.

Or cette tendance n’est pas apparue avec l’arrivée en masse des réseaux sociaux ; des cinéastes comme Raymond Depardon avaient déjà depuis longtemps accordé à des inconnus la place de vedettes. On songe notamment à Profils paysans, une trilogie de films documentaires sur un monde en déclin, celui de la paysannerie française.  Un personnage comme Marcel Privat, assez taiseux, et filmé longuement en plans fixes, est à lui seul un archétype du patrimoine rural français avec lequel certains jeunes tentent de renouer et cela en marge des grandes exploitations qui ont pris le dessus sur l’agriculture traditionnelle.

Mais Depardon n’est pas le seul à avoir introduit sa caméra en dehors du monde artificiel des studios. Cette tendance à vouloir filmer des personnages et des situations réels dans les paysages naturels s’est popularisé depuis l’avènement du néoréalisme italien. Ne pouvant plus tourner dans les studios détruits par la Seconde Guerre mondiale, les cinéastes avaient dû abandonner les décors factices des « téléphones blancs » pour filmer davantage le réel.

Profils paysans : Le quotidien de Raymond Depardon (2004) - UniFrance

Mais cela n’a pas été sans conséquences, car si le rôle joué par un acteur est souvent perçu comme une projection de sa personnalité – ce pourquoi d’ailleurs certains acteurs refusent des rôles qu’on leur propose – cela s’avère encore plus vrai lorsqu’une personne est filmée dans son quotidien réel pour les besoins d’un film. C’est ainsi que le documentaire intitulé Être et avoir de Nicolas Philibert fut à l’origine d’un contentieux entre d’un côté le réalisateur et de l’autre l’instituteur filmé dans son quotidien scolaire ainsi que certains parents d’élèves qui, conscients des recettes drainées par la vente du film, demandèrent des comptes comme s’ils étaient des acteurs professionnels.

Comme dans Profils paysans, Être et avoir met en scène la vie sociale dans le monde rural. Dans le film de Depardon, on découvre des paysans dans leur quotidien et dans celui de Philibert, la caméra est introduite au sein d’une école de campagne pour rendre compte de situations captées dans le réel. Le succès inattendu de l’œuvre de Philibert montre à quel point chaque individu où qu’il soit est porteur d’une histoire digne d’intérêt et pouvant susciter l’attention des spectateurs. Pour autant les stars du show business gardent l’avantage de la célébrité en apparaissant aussi désormais sur les réseaux sociaux en plus des médias traditionnels dont ils ont un quasi-monopole.