N°82 – AVRIL 2022__العدد 82، أفريل 2022

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L’éditorial de Jean-Marc Bastière, rédacteur en chef__ افتتاحية جون-مارك باستيير، رئيس التحرير

Elles ne furent pas nombreuses, les femmes qui ont gouverné la France. Sous l’Ancien Régime, en effet, les règles de succession interdisaient au sexe féminin d’accéder au trône de France. Les seuls moments où elles purent jouer un rôle furent ces temps de transition où le roi était trop jeune pour exercer son pouvoir personnel. C’est lors de ces régences qu’elles ont pu prendre les rênes du royaume pour suppléer à la vulnérabilité de leur fils.

Le souci, c’est que ces périodes ont été aussi souvent les plus périlleuses pour la monarchie. Toutes les ambitions comprimées des grands du royaume tendaient alors à remonter au grand jour, jusqu’à parfois se déchaîner et menacer la paix civile. C’est ce qui advint à Catherine de Médicis au XVIe siècle avec ses fils lors des guerres de Religion. C’est ce qui arriva aussi à Anne d’Autriche au XVIIe siècle avec les troubles de la Fronde, l’exercice du pouvoir politique exigeant alors, entre fermeté et souplesse, des capacités aiguisées pour naviguer entre les récifs.

On peut dire qu’à partir de la mort de Louis XIII, qui se méfiait pourtant de cette épouse espagnole, Anne d’Autriche sut, contre toute attente, s’imposer comme régente et triompher de l’adversité. Elle sut aussi pour cela s’appuyer sur un cardinal italien, Mazarin, qui se révéla comme un grand maître de la politique. En ce moment de l’histoire étonnant, deux étrangers défendirent comme nuls autres les intérêts de la couronne de France. Sans eux, sans ce parrain, sans sa mère, Louis Dieudonné, « l’enfant du miracle », n’aurait pu entamer un règne si long et si grand qu’il devint pour la postérité le « siècle de Louis XIV ».Jean-Marc Bastière, rédacteur en chef