Pourquoi y a-t-il eu des iconoclastes ? لِمَ وُجِدَ مُعادون للصّور؟
Photo: Saint Luc peint une icône de la Vierge Marie. Selon la Tradition chrétienne, il serait le premier• Crédits : Artiste inconnu russe (début du 15e siècle). Wikimedia Commons
Conférence de: Frédéric Worms, professeur de philosophie contemporaine à l’ENS, directeur adjoint du département des Lettres et membre du Comité consultatif national d’éthique, producteur à France Culture
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Il est un terme un peu technique en apparence d’origine grecque, mais qui est resté dans la culture de tout le monde comme le signe d’un enjeu politique majeur, peut-être métaphysique et aussi, théologique, autour de la question des images, c’est ce terme des iconoclastes. On appelle « iconoclastes », ceux qui veulent détruire les images, c’est le sens de l’étymologie – le fait de les détruire s’opposant au fait de les adorer. A l’opposé des iconoclastes, les « iconodules » qui s’y opposaient dans la Byzance chrétienne, ont laissé des traces beaucoup plus faibles, dans la mémoire.
« Les iconodules qui s’opposaient aux iconoclastes dans la Byzance chrétienne, ont laissé des traces beaucoup plus faibles, dans la mémoire »
Il y avait pourtant, dans la querelle dite des iconoclastes, deux pôles fondamentalement opposés, encore présents dans toutes les cultures et dans toutes les religions du monde ; d’un côté, ceux qui adoraient les images, les icônes – et encore aujourd’hui, dans beaucoup de cultures religieuses, il y a dans l’image, l’idée d’une présence réelle, pas d’une représentation mais d’une action effective de l’être qui est dans l’image, au point qu’on peut embrasser les icônes dans certaines religions ; et de l’autre, l’iconoclasme qui consiste à critiquer cette adoration des images, au nom d’une inadéquation de l’image à l’être qui est censé y être présent ou représenté. On y voit de nouveau le pouvoir des images, mais il faut y voir aussi, un indice sur la nature même de l’image (…).